BIOGRAPHIE
Jeunesse
1930-1945
Gérard Grandval naît à Paris le 7 octobre 1930, fils de Roger Grunwald, ingénieur Supélec et entrepreneur et de Suzanne Frochman. Martine, sa sœur et future styliste, nait en 1933.
La Seconde Guerre mondiale marque une période de tumulte pour la famille, qui vit l'exode, trouvant refuge dans les fermes des Pyrénées, puis dans la région de Cannes et enfin à Nantua, période durant laquelle Roger s’engage dans la résistance. La famille change de nom à ce moment pour devenir Grandval, patronyme finalement maintenu après la guerre.
Excepté cette période, Gérard passe toute sa jeunesse dans le 16ème arrondissement et étudie au lycée Janson-de-Sailly. La famille est proche de celle de Charles Lemaresquier et de Jean Carlu dont ils sont voisins. Les Grunwald sont également très sportifs. Gérard pratique le ski dès l’âge de 3 ans, sera diplômé de l’Ecole de ski de Chamonix. Les chalets d’Henry Jacques Le Même à Megève représentent son plus ancien souvenir d’architecture.
Par ailleurs, son oncle, Hubert Grunwald, hockeyeur professionnel, fonde et préside le Vel d’Hiv’ avant et après la guerre puis créera le Palais des Sport de Paris.
Formation
1945-1962
A 17 ans, Gérard Grandval effectue un stage chez l’architecte Jacques Carlu. Il apprend la descriptive et la stéréotomie avec le chef de l’agence de Charles Lemaresquier, Legendre, mais décide finalement de rentrer à l’Ecole des beaux-arts de Paris dans l'atelier Pontrémoli Leconte.
Il se distingue rapidement par son talent et sa créativité et remporte de nombreux prix prestigieux, parmi lesquels le Prix Redon, le Prix Rougevin à deux reprises, le Prix Labarre (ci-contre) ou le Prix Delan.
En 1959, il obtient son diplôme d'architecte DPLG, recevant le Prix du Meilleur Diplôme et en 1961, le Premier Grand Prix de Rome sur le thème “un Monastère”. Un tournant décisif dans sa carrière.
Dès 1957, Gérard Grandval installe un bureau chez son oncle au Vel d’Hiv pour lequel il étudie un ensemble de studio de télévision puis à partir de 1962 travaille à la conception d’un nouveau Palais des Sports.
Durant cette période, il fonde avec Michel Rocard, Hubert Prévot, Jean Maheu, Jacqueline Palmade, Jean Rousseau et Maurice Calka, le GRATUA, Groupe de Réflexion sur l’Aménagement du Territoire, l’Urbanisme et l’Architecture.
RECONNAISSANcE
1962-1970
Grâce à l'obtention d'une bourse, Gérard Grandval séjourne aux États-Unis, où il collabore avec l'Institut d'Urbanisme de Philadelphie. Ce séjour lui offre l'occasion de rencontrer des architectes renommés tels que Edward Durell Stone, Philip Johnson, et Edmund Bacon.
À son retour en France, Gérard Grandval se distingue avec son premier grand projet : le laboratoire Intertechnique à Plaisir, une usine employant 800 ouvriers, achevée en 1963.
Il multipliera ensuite les réalisations et les concours dans tous les domaines : ensemble sportif et stade à Cannes, concours pour l’Opéra de Genève, usine au Mans, Conseil Général de la Préfecture du Loiret, concours de l’ORTF…
En 1965, il crée un chalet de montagne, connu sous le nom de « chalet coquille » (ci-contre), un projet novateur qui lui vaut une renommée internationale et qu’il reprend pour le concours lauréat des « 1000 clubs », ensembles modulaires que les jeunes construisent eux-mêmes.
L'année suivante, en 1966, Gérard remporte le concours du Palais de l’air et de l’espace. Son projet, une rampe d’exposition hélicoïdale dans une bulle de verre, est ambitieux et avant-gardiste mais sera finalement abandonné.
Villes nouvelles
1960-1979
Ces succès attirent l’attention de l’Office central interprofessionnel du logement (OCIL), qui lui confie la commande du quartier du Palais dans la ville nouvelle de Créteil.
Entre 1970 et 1974, Gérard Grandval supervise la construction de onze tours d'habitations de Créteil. Ces tours se distinguent par leurs vastes balcons en forme de pétales, ce qui leur vaut rapidement le surnom de « Choux » ou « épis de maïs », devenant ainsi des symboles architecturaux de la ville.
Initialement, ces tours étaient conçues pour être végétalisées, une ambition précurseur de « façades vertes » qui ne sera finalement jamais réalisée. Au pied de ces tours, deux écoles circulaires s’intègrent harmonieusement dans un quartier tout en courbes et en jardins.
Parallèlement à son travail à Créteil, Gérard Grandval joue un rôle clé dans la conception des villes nouvelles. Lauréat du concours Chalandon, il réalise ainsi des villages de maisons en grappes (mini hameaux) à Emerainville, Bondoufle et se voit également confier le quartier de la Ferme du Buisson à Noisiel où il conçoit les immeubles dits “pyjamas” (ci-contre).
A la même période, Max Querrien le nomme chargé de mission à la direction de l'architecture au ministère des Affaires culturelles (1967-1972) et responsable de l'Atelier d'urbanisme de Niort (1966-1970) où il fait équipe avec Michel Rocard pour l’étude du plan directeur. Il y réalise l’ensemble d'habitations les "Tilleuls", installe un atelier et construit plusieurs ensembles de logements dans la région dont un ensemble de maisons solaires les "Tonnelles” à Frontenay-Rohan-Rohan.
Algérie
1962-1980s
Gérard Grandval, opposé à la guerre d’Algérie, refuse d’y participer. Il rencontre à cette époque le dessinateur Siné avec qui il se lie d’amitié.
Après l'indépendance à la fin des années 1960, Gérard ouvre un atelier à Alger. Pendant cette période de développement post-indépendance, il se voit confier de nombreuses commandes publiques.
Parmi ses réalisations notables, il construit l'aéroport d'Hassi Messaoud dans le sud de l'Algérie (ci-contre) et conçoit le plan d'urbanisme pour l'aéroport d'Alger. Il est en outre responsable de la création des bureaux de la Société des Transports Algériens (STA).
Il participe également au programme des 1000 jardins d'enfants, est lauréat d’un concours sur l’aménagement du territoire du Sahara, et réalise des logements à Dar el Beida, commune proche d’Alger.
Mode, design, stylisme
Durant ses études à l’école des Beaux-Arts, Gérard Grandval dessine des foulards, des cravates et des tissus pour les collections de haute couture de Givenchy, Balmain et Dior. Mais sa vocation demeure l’architecture et il abandonne cette voie.
Des années plus tard, proche du milieu de la mode, Gérard Grandval est étroitement lié à l’essor de Cacharel et du prêt à porter des années 1960 et 1970. Jean Bousquet, fondateur de la marque, confie en effet le stylisme de sa marque à sa belle-sœur, Corinne Sarrut et la conception des boutiques à Gérard Grandval avec qui elle est alors mariée. Gérard présente à Jean Bousquet deux autres amis, Sarah Moon et Robert Delpire qui seront chargés de la photographie et de la publicité. L’aventure est lancée.
Gérard Grandval conçoit le siège social de Cacharel à Paris, deux usines à Nîmes et plus de 120 magasins à travers le monde jusqu’à la fin de années 70. Il réalise enfin le Centre d'expositions et de présentation de la mode à Paris (Carrousel du Louvre) en 1993.
Tout au long de sa carrière, Gérard Grandval développe une œuvre qui dépasse le simple domaine de l’architecture. Il dessine de nombreux meubles et objets de design répondant à ses besoins personnels ou à ceux de ses projets. Ainsi, est créée en 1972 la ligne de mobilier Arc-en-ciel exposée dans la galerie de la revue L'Œil et multiplie les collaborations, dessinant une collection de meubles pour la Société Prisunic, une lampe pour l’Atelier A ou encore des miroirs pour les magasins Bonpoint.
En 2010, il collabore avec son fils Lucien pour créer une collection de bijoux en forme d'escaliers.
Héritage et Influence
2000s-
Gérard Grandval ne cesse jamais de travailler. Son dernier grand projet, le programme Neo à Nice, réunissant des bureaux, un hôtel et une galerie commerciale, est achevé en 2021.
Gérard Grandval reste une figure influente dans le monde de l'architecture. Membre titulaire depuis 1994 et vice-président de l'Académie d'architecture, il est également Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres. Pendant plus de 20 ans, il préside le jury du Prix du Livre d'architecture de l'Académie, ainsi que le jury du prix du Meilleur diplôme.
Ses projets témoignent de sa capacité à mêler esthétique et fonctionnalité, favorisant le bien-être des résidents. Ainsi, Gérard Grandval a su se démarquer par son approche innovante et humaniste de l’architecture et de l’urbanisme, laissant une empreinte durable sur le paysage architectural français.
« J’ai toujours eu une grande antipathie, une grande gêne pour les architectures qui nient totalement l’environnement, c’est une orientation que je souhaite combattre. Je souhaite être très imaginatif et en même temps sensible à ce qui existe déjà, ceci conduit parfois à des architectures très effacées, parfois à inventer là où il n’y a rien, quelque chose d’extrêmement présent », racontait-il dans les pages de L’Architecture d’Aujourd’hui en 1975.
Le dessin manuel demeurera sa manière d’expression privilégiée. Nous vous invitons à découvrir une partie de cette œuvre sur ce site.